13

Stavver était en train de jeter des pelletées de terre sur le feu de camp. Aleytys sortit de la caravane avec un seau d’eau sale et sur le bras des couches humides. Elle accrocha les couches derrière le banc et jeta l’eau parmi les œufs en pierre du coteau abrupt. Elle laissa tomber le seau et sourit à Stavver.

– Faiseur de souvenirs magiques.

Il lui adressa un large sourire.

– Fais revenir les chevaux, sorcière !

– Attends que j’aie fini d’étendre.

– Combien de temps cela prend-il ?

– Une éternité ! (Elle gloussa.) Tu ne sais pas grand chose des bébés.

– Seulement comment on les fabrique. Je ne me suis jamais attardé auparavant.

– Pauvre Miks. Encore un an, au moins.

– Grands dieux !

Un bruit de sabots sur la route troubla la paix de matinée. Stavver bondit sur le banc du conducteur puis sur le toit de la caravane. Il y demeura un instant en équilibre puis se redressa et fixa la piste.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Qui, veux-tu dire. (Il redescendit.) Ton petit ami.

– Idiot ! (Elle lui envoya son coude dans les côtes.) suppose que tu veux parler de Loahn. (Elle poussa un soupir exagérément las.)

– Tu as pigé.

Il descendit du banc et se dirigea vers le tournant de la route. Aleytys resta là, à tambouriner des pieds contre la boîte.

Loahn arrêta net sa monture, un sourire coupant presque son visage en deux. Il sauta à terre ; s’avançant joyeusement vers elle, il se jeta à genoux et se cogna la tête sur le sol devant ses jambes pendantes.

Descendant à côté de lui, elle s’empara d’une touffe de cheveux, qu’elle tira sèchement.

– Relève-toi, espèce de clown !

Loahn se remit sur ses pieds en lui souriant. Il se livra à une petite danse, son trop-plein d’énergie l’empêchant de rester immobile.

– Lahela gikena, faiseuse de miracles, chasseuse de horde. Hi-yi, tu as réussi ! Je ne croyais pas que tu y arriverais. Mais tu l’as fait. Deux villes seulement !

– Deux villes, répéta sinistrement Aleytys. (Elle se détourna.) Si je n’avais pas perdu tant de temps…

– Non, non, Lahela !

Loahn la prit entre ses bras et se lança dans une danse triomphale improvisée autour d’un Stavver silencieux. Il la lâcha pour qu’elle tombe entre les bras de ce dernier.

– Deux villes seulement, Lahela. La dernière fois, nous en avons perdu vingt et la moitié de notre peuple.

– Calme-toi, Loahn ! (Elle remonta sur le siège.) Je sais ce que j’ai fait. Que s’est-il passé après mon départ ?

– Eh bien… mmmm… grâce à ceci et cela, je suis arrivé à rassembler un groupe d’hommes prêts à me suivre.

– Ceci et cela ?

– Ça ne m’a pas fait de mal d’avoir ton ombre sur mes épaules.

– Et ?

– Kekio nous a apporté ton message. Nous attendions pour attaquer. Nous avons attendu un peu plus. On t’a vue filer comme si tu avais le feu aux trousses. Nous sommes donc descendus sans savoir ce qui nous guettait. Ils ressemblaient à des nouveau-nés, Lahela. Nous sommes passés et repassés parmi eux. Leur esprit avait disparu. Sauf quelques-uns avec un curieux casque d’argent. Nous avons alors cessé de vouloir les combattre et leur avons accordé une mort miséricordieuse. Qui pourrait haïr de telles créatures perdues ? Et qui pourrait les laisser ainsi ? Les bûchers mortuaires brûleront longtemps autour de Wahi-Usk.

– Morts !

Loahn accrocha les pouces derrière sa ceinture et se balança d’un pied sur l’autre.

– La plupart des adultes. (Il lui tourna le dos et regarda la piste.) Ce n’est pas encore fini. Ils sont si nombreux. Mais… (Il se ranima.) Les enfants sortent de leur hébétude. Nous les diviserons entre nous, pour les familles qui ont perdu les leurs. Ils deviendront lacustres.

Aleytys fronça les sourcils.

– S’ils ont perdu des leurs, est-ce qu’ils… ne vont pas maltraiter ces enfants ? (Elle baissa les yeux sur ses mains.) Je sais ce que c’est que d’être un coucou dans un nid.

Loahn parut scandalisé.

– Non. Non, Lahela. Jamais de la vie ! Ces petits sont un présent des Lakoe-heai. On ne maltraite pas une bénédiction.

Aleytys tapota ses genoux.

– Écoute.

Loahn se laissa tomber sur les talons.

– Quoi, Lahela ?

– Il faudrait que tu saches ce que j’ai appris de la horde.

– La horde n’existe plus.

– N’y a-t-il qu’une seule horde ?

Loahn parut stupéfait.

– Je l’ignore.

– Alors, écoute. La raison pour laquelle la horde quitte le midi est la suivante : le maître de la horde se meurt. Mystérieusement, la traversée de la région des lacs et l’orgie de mort qui s’ensuit accroissent le développement physique et mental particulier qui a pour résultat un maître.

Il avait rivé un regard brillant sur son visage.

– Bizarre.

– C’est un euphémisme. Avez-vous essayé de déceler une trame dans leurs actes ?

Loahn gratta d’un doigt le sol.

– Pas à ma connaissance. C’est tout tellement irrationnel. Autre chose : il est dangereux de s’approcher d’eux. Surtout quand battent les tambours.

– Exact. Ils ont du courage, ces jeunes attaquants qui tirent sur la horde.

– Ils ne s’attardent pas et ne s’approchent guère.

Aleytys balança les pieds et cogna des talons le flanc de la caravane.

– Néanmoins… Mais peu importe. Quand les tambours s’arrêtent, ils tombent sur place, profondément endormis. Le rouan leur a marché dessus et ils n’ont pas arrêté de ronfler pour autant. L’exception, ce sont les gardes du chariot. Ceux qui ont les casques argentés. Qu’est-il advenu de ces casques ?

– Je ne sais pas. Ils doivent traîner quelque part.

– Il vaudrait mieux les récupérer. Avec prudence. Ils ont une valeur inestimable. Du moins à l’arrivée de la horde. Les rites des tambours ont lieu avant l’entrée dans la région des lacs puis dès que le soleil se couche sur une ville pillée. (Elle fronça les sourcils et fixa d’un air morne le lointain horizon.) Cela commence toujours dès que se lève le soleil. Le sommeil dure plusieurs heures. Puis ils se relèvent et continuent d’avancer. Je ne les ai jamais vus manger.

– Et alors ?

– Alors, ceci : après l’arrêt des tambours, si une petite expédition se livrait à une incursion en portant ces casques, se glissait parmi les dormeurs et sautait sur les gardes, elle aurait de grandes chances de pouvoir tuer le maître et tout arrêter net. Comme je l’ai fait. Vous perdriez encore une ville.

– Une ville. Ah ! Faiseuse de miracles !

– Idiot ! (Elle se frotta les genoux.) Je ne sers que les Lakoe-heai. Vous ne me devez rien.

Il écarta les bras, le visage très animé.

– Les Lakoe-heai. Ha ! Nos forgeurs de chansons célébreront Lahela gikena et le présent qu’elle a fait au peuple. Nos enfants et leurs enfants et leurs enfants, tant qu’il y aura des langues.

Il lui prit la main et la tint contre son visage.

– Loahn, je suis impressionnée par ta capacité pour les absurdités ! Puisqu’on en est à parler de langues, j’ai l’impression qu’on ouvre avec toi des écluses que des torrents d’eau… pardon, de mots, se déversent au flanc de la colline.

– On dirait donc que je suis destiné à devenir un grand politicien.

– Si tout ce vent permet de devenir politicien.

– En connais-tu beaucoup qui n’en disposent pas en quantité ?

Elle gloussa.

– Ton impudence me manquera, Loahn.

– Ne pourrais-je te persuader de rester ?

Elle hocha la tête.

– Loahn, les héros deviennent embarrassants quand l’état d’urgence est passé. Tu le sais bien.

– J’ai intérêt à le savoir si je veux mener une vie paisible. (Il soupira et ne parut guère satisfait de son avenir. Il fit quelques pas.) Bon. Je chevaucherai hors des sagas pour pénétrer dans la mesquinerie de la vie quotidienne.

– Les cimes des montagnes peuvent être tout aussi ennuyeuses.

– Mais plus difficiles à oublier. Bonne chance dans ta quête, Lahela !

Il saisit les rênes de son cheval, bondit sur la selle en une explosion d’énergie mal contenue et commença à s’éloigner. Avant que sa monture ait accompli deux pas, il lui fit faire volte-face et revint vers Aleytys.

– Qu’as-tu fait de mon cheval ?

– Rien. Il m’a accompagnée. Il doit être par-là.

Elle désigna un pré verdoyant derrière la caravane noire.

– Où est la selle ?

– Je l’ai jetée quelque part le long de la route.

– Tu l’as jetée… (Loahn éclata de rire.) Jetée !

Aleytys se leva et s’étira.

– Cet animal, lança-t-elle à Loahn qui s’était à nouveau éloigné. Ce cheval a un pas à rompre tous les os d’un corps !

Loahn lui fit signe.

– Je sais, beugla-t-il, sa voix formant écho parmi les collines qui les encerclaient.

Elle le regarda disparaître derrière une avancée de granit. Puis elle s’appuya contre le lattis, étendit les jambes et leva les yeux vers le ciel, où les rais de couleur recouvraient l’azur.

– Et de trois.

– Trois quoi ?

Elle s’assit.

– Je devais accomplir trois choses pour les Lakoe-heai.

– Et ceci est la troisième. Supprimer la horde.

– Comme je te l’avais dit.

– Quel est donc la numéro quatre ?

Sa main était chaude sur son genou. Un sourcil se haussa d’un air moqueur.

– Je l’ignore. J’ai presque peur de le découvrir. Comment va Maissa ?

– Elle est toujours endormie.

Aleytys fronça les sourcils.

– Elle était sous le charme quand j’ai tué le maître. Or tu as entendu ce qu’a dit Loahn à propos des autres. J’ai essayé de la guérir. Je ne sais pas… Merde, il y a tant de choses que je ne sais pas ! Mieux vaut la laisser dormir.

– Exact. Tu es prête ?

Aleytys jeta un coup d’œil au point rougeoyant du soleil.

– Combien de temps avant d’arriver au vaisseau ?

– Deux jours environ. (Un large sourire éclaira brièvement son visage.) Tu pourras alors prendre un bain.

Elle éclata de rire.

– Ay, Miks, est-ce que je te plairai encore en rousse ? (Les yeux dansants, elle se frotta l’estomac sans attendre la réponse.) Je meurs de faim. Si on mangeait quelque chose ? Le garde-manger est vide, là-dedans.

– J’ai des provisions. Loahn y a veillé. (Il s’étira et bâilla.) Tu ne viens pas de manger ?

– J’en ai à peine le souvenir.

– Le feu est éteint, Lee. Mâche un peu de pain de voyage.

Elle plissa le nez.

– Très bien. Si j’y suis forcée !

Il alla chercher les chevaux. Aleytys gloussa et les appela elle-même, de telle sorte qu’ils passèrent à côté de lui en un bizarre petit galop. Ils s’arrêtèrent devant elle et s’agitèrent nerveusement, se rebellant contre les entraves qu’ils avaient aux pieds.

– Ce n’est pas juste, sorcière !

Elle gloussa.

– C’est vrai.

– Ce n’est pas le moment de rigoler, Lee. Tu veux harnacher les tiens ?

– Non.

Stavver renifla et se mit en devoir de préparer l’attelage, tâche qu’il détestait chaque fois un peu plus.

La matinée s’écoula dans une quiétude inhabituelle. Il leur fallait avancer lentement : le chemin n’était guère plus qu’un sentier à chèvres allant vaguement au sud pour rejoindre la route qui faisait le tour de la région des lacs. Peu avant midi, Stavver se rangea sur un bas-côté bien plat et l’attendit.

– C’est l’heure de manger ?

Elle examina le paysage de roches désolé, le nez plissé par le dégoût.

– Tu vois ces arbres. (Il pointa le bras.) Où s’aplatit le terrain ?

– Pourquoi ?

– C’est là que nous retrouvons la route. Encore deux bonnes heures. Tu veux t’arrêter maintenant ou attendre d’y être arrivée ?

– Maissa dort toujours. Je commence à m’inquiéter.

– Tu veux t’arrêter ici ?

– Non… je ne pense pas. (Elle considéra son équipage, puis le sien, tout en se mâchonnant le bout du pouce.) Cette descente fatigue les chevaux. Il leur faut du fourrage et de l’eau.

– Il n’y a rien que des roches ici, Leyta.

– Exact. Mais ça ne sera plus très loin.

La pente continuait et les freins à friction ne cessaient de hurler.

– Qu’est-ce que c’est que ce bruit ?

Aleytys sursauta et faillit lâcher les rênes. Elle regarda derrière elle.

– Tu t’es enfin réveillée ?

– Évidemment, que je suis réveillée.

– Eh bien, qu’as-tu à dire ?

Maissa s’installa à côté d’Aleytys. Son regard examina brièvement son entourage, et notamment la caravane devant elles.

– Comment nous as-tu fait échapper ?

– Que te rappelles-tu ?

– Pas grand-chose. C’est un peu comme un cauchemar qu’on oublie dès qu’on se réveille. C’est toi qui as aussi fait ça ?

– Hmm. J’ai tué le maître de la horde et quelques autres. La horde s’est disloquée.

– Sale bête ! (Maissa frémit, l’air soudain plus âgée.)

Aleytys se concentra un moment sur les chevaux. La piste descendait en une série de longs lacets paresseux.

– Où sommes-nous ? (Le paysage ne semblait guère inspirer Maissa.)

– Presque de retour sur la route.

– La route ?

– Celle que nous avons empruntée pour venir. On s’y arrêtera pour manger et laisser reposer les chevaux. Après cela, il y aura encore environ une journée de route jusqu’au vaisseau.

Maissa envoya un coup de pied au garde-boue.

– J’en ai marre, de cette boule de merde !

Elle sombra dans un silence rageur. Aleytys se garda bien de l’en tirer et se concentra sur la descente de plus en plus abrupte.

– Tu ne peux pas éviter ce foutu bruit ? (Maissa porta à ses oreilles des mains tremblantes.)

– Non. (Aleytys relâcha le frein, comme le terrain redevenait plat un instant.) Si ça te gêne tant, rentre à l’intérieur.

La piste recommença à plonger ; Aleytys tira sur le frein et Maissa broncha mais serra les dents, croisant les bras sous sa poitrine. À intervalles réguliers, elle jetait à Aleytys un regard de mauvais augure.

Quand Stavver rangea sa caravane à l’ombre d’un bosquet, elle fut heureuse de cette halte. Sans mot dire, Maissa sauta de son siège et gagna la route, qu’elle scruta en direction de l’est.

Stavver toucha l’épaule d’Aleytys.

– Il y a un puits, par-là. Je vois que la belle au bois donnant vient de se réveiller.

– La belle ! Et elle est d’humeur égale à elle-même. (Elle soupira et s’appuya contre lui.) Tu lui fais confiance, Miks ?

Il lui caressa lentement le cou, les yeux posés sur le mince ruban sur la route.

– A-t-on le choix ?

– Je suppose que non.

– Nous dormirons à tour de rôle. (Il rit puis lui embrassa les cheveux.) On prendra une semaine de repos sur I!kwasset. J’y ai des amis.

– Si nous y arrivons.

– On y parviendra. Si elle ne perd pas la boule avant.

Elle poussa un soupir.

– Je suis lasse de toutes ces intrigues compliquées. Retournons un moment à des choses plus simples. Comme d’abreuver une troupe de chevaux assoiffés.

Lamarchos
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